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LE BENIN ET L'INFORMEL

EXTRAITS DU DISCOURS DE TEVOEDJRE LE 7 OCTOBRE 2010 LORS L'OUVERTURE DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES MÉDIATEURS DE L'ESPACE UEMOA.

Je veux attirer particulièrement votre haute attention sur la question des fonds confiés par des citoyens à des structures informelles de placement financier.

Le Médiateur saisi de ce dossier n’a pu que se déclarer incompétent.

Il s’agit en effet de litiges entre personnes privées et structures ou
associations privées. On ne peut que déplorer l’envahissement de l’informel dans notre vie sociale et administrative.

Voici un pays soumis à une constitution et dont l’administration ne fonctionne
pas selon l’oralité et qui se trouve confronté à des institutions financières sans comptabilité professionnelle, à des associations religieuses à théologie informelle et impliqués, sans
compétence ni mandats reconnus, en toutes activités politiques, économiques et sociales.

Les citoyens dont la naïveté est prise dans de tels réseaux s’adressent ensuite
aux pouvoirs publics impuissants à gérer l’informel illégal.

Je répète ce que j’ai déjà dit :

Economie informelle

Commerce informel

Ecole informelle

Médecine  informelle

A force de laisser l’informel envahir le champ de toutes nos structures, nous
aurons bientôt des familles informelles, des partis informels, une Assemblée Nationale informelle et peut être aussi un gouvernement informel.

Voici un sujet qui devrait assembler les énergies unanimes  de toutes les institutions pour cause de salut public.

Autre préoccupation :

Nos pays se trouvent confrontés depuis quelques mois
à un phénomène nouveau, perturbateur de nos équilibres nationaux et de la paix sociale. Il s’agit du phénomène de la prise d’otage et de ces disparitions inquiétantes. Ce phénomène n’épargne
personne et nous en sommes ici au Bénin à présent victimes.

Le Médiateur de la République a été sollicité et à
ce titre j’ai tenté de m’informer et de conseiller. Je poursuis cette action. Je dois remercier tous les acteurs impliqués dans l’action nécessaire à l’apaisement des cœurs.

Je dois redire ma solidarité avec la famille
DANGNIVO qui est une famille proche avec laquelle j’ai partagé de nombreuses préoccupations. Je lui dis notre profonde proximité dans ses inquiétudes. Je la soutiens dans son espérance.

Je salue et je comprends tous les citoyens et les
collègues de l’intéressé qui disent leur angoisse et expriment leur solidarité.

Je veux aussi saluer l’action patiente, le travail
dévoué et minutieux du personnel de sécurité : policiers, gendarmes et leurs auxiliaires. Je veux saluer les responsables de la justice, les magistrats, les greffiers, les huissiers, les avocats ainsi que leurs agents. Je suis témoin que malgré  certaines maladresses que l’on doit déplorer, tout ce personnel, tous ces travailleurs de
la sécurité, de la justice, de la santé de médecine légale, méritent notre soutien et notre respect.

 Je souhaite que les autorités spirituelles nous encouragent au rapprochement sincère des cœurs et nous aident à retrouver le bon sens et la sérénité nécessaire à un travail scientifique qui nous
fera découvrir la vérité à laquelle nous devons faire  face en toute responsabilité. Je le répète : tous les travailleurs, ceux des services
financiers qui s’inquiètent légitimement pour l’un des leurs, ceux de la police, de la gendarmerie, de la justice, de la santé  qui se trouvent
plongés dans une enquête difficile, tous ces travailleurs méritent notre respect et notre soutien.

Monsieur le Président du Conseil Economique et Social, vous dont l’institution rassemble les représentants de toutes les couches de la société, je voudrais vous prier d’aider à l’apaisement d’ardeurs compréhensibles mais dont l’expression peut faire craindre des arrière-pensées qui ne concordent pas avec la compassion affichée.

L’enquête concernant cette affaire doit tenir compte
non seulement du temps que nous passons dans nos bureaux et nos entreprises, mais le temps dont nous disposons pour exercer nos responsabilités familiales, citoyennes ou religieuses, nos loisirs
et autres activités. Privilégier un seul aspect de ce temps et en tirer des conclusions définitives participe d’une volonté qui ne peut qu’inquiéter l’intelligence. « Lorsque l’intelligence
déserte le forum,  la médiocrité s’installe et tout finit en dictature » C’est Denis de Rougemont qui nous le dit.

J’ajoute ceci : lorsque le bon sens déserte la
cité, la pagaille et le désordre s’installent. Et c’est un incendie ravageur qui embrase la société. Cet incendie ne donne chance à personne. Les espoirs de tous s’évanouissent. Et nul n’en sort gagnant.

Je dis ces choses avec gravité au service de la patrie, et au service de l’Afrique.

J’en appelle à a solidarité de tous les travailleurs pour le bien de toute la nation.

Tenter de plonger tout le pays dans l’irrationnelle
nuit des forces obscures où règnent sorciers, charlatans et devins en tous genres dans un pays où nous avons choisi de privilégier un siècle de lumière, cela ne peut que perturber profondément
l’intellectuel adepte du doute méthodique. Plus grave, cela ne peut favoriser que les pêcheurs en eau trouble qui recherchent le désordre pour faire triompher des causes qui ne sont pas communes
aux citoyens de ce pays respectueux de la Constitution qu’ils se sont donnée.

Je tiens à faire appel à la responsabilité
méthodique du gouvernement, à celle intelligente de tous les acteurs politiques et sociaux, à la vigilance de la société civile. Ce qui est en cause, la vie d’un homme, la conduite intelligente
de la nation demande un sursaut national et un comportement patriotique qui parait faire défaut.

Où nous conduiraient une gouvernance approximative
et sans méthode ?

Où nous conduirait une culture de la grève
permanente et de l’agitation quotidienne à propos de tout ? Certainement pas à une démocratie, une économie ou un développement de progrès !


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